Dans tous les cas, la détermination de l’origine et de la destination des flux passe par leur traçabilité.
Pour assurer la gouvernance RSE de la filière, une localisation précise et une connaissance détaillée de l’ensemble du process et de ses modalités sont nécessaires. Dans ce cas, d’autres critères que la répartition de la V.A. doivent être pris en compte. Lesquels et pourquoi ?
S’il s’agit de pouvoir apposer à un produit une indication globale d’origine "Made in...", le critère retenu est généralement la répartition géographique du flux financier. Elle porte sur la localisation de la Valeur Ajoutée produite. Quelle est la pertinence de cette approche ? Peut-elle être affinée ? Quelles erreurs de parallaxe comporte-telle ? Peut-on y remédier et comment ?
L’origine constitue un facteur majeur de la gouvernance RSE du point de vue de la localisation de l’activité économique d’une filière, compte tenu des risques ou au contraire des garanties (législation) attachés aux territoires. Cette problématique est justement au centre des enjeux de concurrence responsable.
Il est donc légitime que les parties prenantes d’une activité économique sachent à qui elle bénéficie en priorité et quels sont ses impacts sociétaux et environnementaux en fonction de sa localisation.
En revanche, une stratégie de Division Internationale du Travail (DIT) et de localisation de process cherchant à spécialiser les territoires en fonction de leur potentiel de minimisation des coûts, présente, selon les lieux, un risque accru d’exploiter des handicaps locaux (exploitation humaine, pollution, exportation de déchets industriels, etc.), ou une chance de réellement contribuer à les résoudre, et de valoriser un potentiel local (pôles de compétitivité).
Un tapis persan a vocation à être fabriqué en Iran, et une porcelaine de Limoges, à Limoges. Il s’agit d’une origine "naturelle", qui fait sens en termes d'ancrage territorial et de patrimoine local.
Relations entre Origine et RSE : à chaque territoire correspond un contexte géopolitique, sociopolitique, socioéconomique, culturel, climatique, etc. porteur en soi de qualité ou de risques spécifiques qui se combinent aux risques liés au process de production.
Enfin et surtout : la plupart des produits ne sont soumis à aucune obligation d’indication d’origine. Or, sauf mesure sanitaire ponctuelle, aucune condition de QSE particulière en fonction de l'origine n'est appliquée, malgré l'existence de risques RSE bien connus liés à l'origine des Biens & Services ou des capitaux.
Une réglementation nationale et communautaire (européenne) s’applique à l’origine géographique des marchandises (assortie du certificat d’origine) et en encadre le marquage. Mais sa mention obligatoire ne concerne plus guère que quelques produits agroalimentaires.
Si la mise sur le marché de certains produits est bien soumise à des conditions de qualité, en particulier de sécurité des consommateurs (alimentation, médicaments, automobile, jouets, etc.), les contrôles à l’importation sont essentiellement laissés à la vigilance de l’importateur… Or les moyens alloués aux douanes et à la DGCCRF sont sans commune mesure avec l'importance et le parcours réel des flux d’import-export.
Avec la mondialisation de la production et du commerce, et la globalisation financière, l’économie est devenue de plus en plus opaque.
Une gouvernance de la qualité et des risques (RSE) inhérents à toute filière de produit, de service ou de capitaux, suppose de pouvoir en analyser le cycle de vie (ACV). Encore faut-il pour cela parvenir à remonter à la source, c’est à dire à l’origine de chacun des principaux flux de process, pour pouvoir les suivre et les gérer jusqu’à leur destination finale.