Que bien des États doivent améliorer leur gestion budgétaire et rationaliser leurs dépenses, est une chose.
Mais prétexter ce fait pour les pousser à la faillite et donner le signal de leur dépeçage, en est une autre.
Il ne sera pas possible de s'attaquer aux véritables causes des déficits budgétaires des États, sans :
d'une part, remédier à la liberté et à l'opacité de la spéculation financière et renoncer à la déréglemen- tation des échanges commerciaux, destructeurs d'activité économique durable,
L'amoralité et l'incroyable impunité des pompiers pyromanes : la spéculation financière contre la dette publique se double de l'indécence des leçons données aux États*, rendus insolvables en faisant grimper d'un coup de baguette magique les taux d'intérêt appliqués à leurs prêts. Il suffit pour ce faire qu'un spéculateur anonyme (rumeur) ou une agence de notation financière exprime une défiance dans leur capacité de remboursement, sachant pertinemment que les marchés naviguent à l'indice de confiance ! Le crime semble parfait... Mais profitera-t-il encore longtemps à ses auteurs ?
Ainsi, alors que 30% de l'argent de la planète serait détenu dans des paradis fiscaux et 50% des transactions internationales transiteraient par eux, les marchés financiers intiment l'ordre aux États, non de restaurer leurs recettes (fiscalement ou en protégeant leur économie du dumping et de la spéculation), mais de réduire leurs dépenses par des politiques de rigueur anti-sociales, donc nuisibles à leur développement socioéconomique. La contrepartie de cette prédation mondialisée étant une dynamique de sous--développement forcé et l'asservissement progressif des populations des pays développés.
Outre le recul des recettes fiscales découlant de la baisse de tonus de l'activité économique nationale (PIB), ainsi que de l'accroissement du chômage et de la pauvreté de la population, une part croissante du manque à gagner de l'État est dû aux politiques de défiscalisation les moins justifiées :
l'optimisation fiscale des entreprises les plus riches, Bénéfices Mondiaux Consolidés, Prix de Transfert, création de sociétés fantômes off shore, canalisant une facturation intermédiaire fictive, etc.
et celle des plus hauts revenus personnels, dont certaines rémunérations astronomiques.
Durant les 3 dernières décennies, les gouvernements occidentaux ayant permis aux marchés financiers de se substituer de plus en plus au pouvoir politique des États, les opérateurs financiers et les actionnaires très particuliers que sont les investisseurs institutionnels (fonds de placement, fonds de pension et autres organismes d'épargne collective) décident désormais du sort des entreprises, et finalement de celui des populations, sur tous les continents. Pour la plupart, ces investisseurs ne s’intéressent à l’activité des entreprises que sous l’angle de leur rendement financier : accroissement continuel des profits, le facteur humain constituant la variable d’ajustement de cette équation.
Sous l'action combinée du libre-échange et de la spéculation financière, les délocalisations se multiplient. La réduction de notre production locale et l'accroissement de nos importations font régresser d'autant notre sacro-saint taux de croissance et donc l'ensemble des recettes de l'État...
L’intensification de la spéculation financière pure, facilitée par l’ingénierie financière et l’opacification grandissante des échanges financiers, permet progressivement aux opérateurs des marchés et à l’actionnariat spéculatif de capter l’essentiel des flux financiers provenant de l’économie réelle des biens et services, au détriment des salaires et de l'emploi des salariés, du pouvoir d'achat réel des consommateurs, ainsi que de l'épargne des ménages et des petits actionnaires individuels qui font régulièrement les frais de l'éclatement des bulles spéculatives...