Les gains de productivité et de compétitivité de l'Allemagne se font au prix d'une régression de sa protection sociale du travail. Elle aussi est désormais de plus en plus affectée par la paupérisation de ses travailleurs et même de ses retraités...
Peut-on dans ces conditions considérer l'Allemagne comme LE modèle à suivre ?
Mais ce phénomène ne manquera pas de connaître une limite. L'acquisition inéluctable par la Chine de la capacité de produire elle-même ses propres machines- outils, via les transferts de technologie qu'elle exige.
La forte spécialisation de l'Allemagne dans la production de machines-outils a bénéficié de la mondialisation, en équipant notamment l'atelier du monde qu'est la Chine.
Le bien fondé de protéger son industrie par la qualité plutôt que par le bas coût (son industrie automobile).
« Le phénomène de désindustrialisation, qui touche la France comme l'ensemble des économies développées, peut être caractérisé par trois transformations concomitantes : un recul de l'emploi industriel (l'industrie a perdu 36 % de ses effectifs entre 1980 et 2007, soit 1,9 million d'emplois ou encore 71 000 par an), un recul de la contribution de ce secteur au PIB (le poids de l'industrie dans le PIB en valeur est passé de 24 % à 14 % entre 1980 et 2007) et
une forte croissance du secteur des services marchands. » Fin 2009, Pôle Emploi totalise 4.688 millions de
chômeurs, contre 1.600 millions en 1980...
Synthèse des résultats
En Europe, le contre-exemple souvent cité de l'Allemagne, met en évidence plusieurs constats contradictoires :
Le constat de 3 causes distinctes, et même de leur effet combiné, ne rend pas assez compte de leur lien de causes à effets : la nécessité de toujours réduire les coûts de production pour résister à une concurrence dérégulée.
Une approche économétrique attribue au libre-échange jusqu'à 70 voire 80% de la responsabilité de la désindustri- alisation des pays industrialisés.
L'Intérim et la sous-traitance permettent de diminuer les charges salariales fixes, de flexibiliser le marché du travail et de réduire le pouvoir syndical. La menace latente de délocaliser, neutralise le dialogue social.
La délocalisation effective constitue le stade ultime de ce processus de minimisation des coûts de production en vue, selon les cas, d'une optimisation des profits, ou du maintien de l'activité de l'entreprise, mais ailleurs...
1- Double effet de la concurrence commerciale internationale
et de la financiarisation de l'économie réelle.
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Volume annuel moyen d’emplois |
Effet externalisation vers le secteur des |
Effet des gains |
Effet de la concurrence commerciale internationale | |
| industriels détruits | services | de productivité | Approche comptable | Approche économétrique |
1980-2007 | 71 000 | 25% | 29% | 13% | [9%, 70%] |
2000-2007 | 65 000 | 5% | 65% | 28% | [9%, 80%] |
Source : DG Trésor sur la base des données Insee (Lilas DEMMOU - "Cahiers" - Numéro 2010/01 – Juin 2010)
Note : La somme des trois effets est différente de 100 %, la décomposition effectuée ne prétendant ni à l’exhaustivité,
ni à l’indépendance des effets pris en compte.
La contrainte de compétitivité des entreprises, constamment invoquée pour justifier le renoncement à la protection sociale des salariés, voire les destructions d'emplois, fonctionne comme un moteur électrique animé par l'interaction de son stator et de son rotor :
le stator, c'est le domaine de définition, la règle d'un jeu figé, la concurrence dite libre... en réalité de toute contrainte RSE.
le rotor, c'est le différentiel [prix - coûts], donc le profit. Pour les uns, il s'agit de gagner le plus possible; mais la conséquence pour bien des entreprises, c'est le risque de disparaître.
3- Enfin, externalisation vers le secteur des services ET
délocalisation vers des pays à bas coût de production.
Plus un domaine d'activité est concurrentiel, plus il doit être compétitif. Plus les emplois sont délocalisés, et plus l'effet boomerang des importations est générateur de dumping.
Pour réduire les coûts de production sans délocaliser les emplois, ce sont les équipements et les techniques (automatisation et informatisation) qui se substituent au travail humain. L'emploi recule et la rémunération du travail fait place à celle du capital.